VE 16.11.2007 – 09.12.2007
François Staub: A la recherche de la mémoire cellulaire
Sur des panneaux de bois, l’artiste commence par mettre du noir, simplement du noir, mais un noir brûlé profond, un noir de vigne. Puis, avec très peu de peinture et toutes sortes de pigments venus d’ailleurs il entame sa recherche. Des jus et une pointe d’acrylique neutre se superposent en différentes couches de couleurs. Il est rapide et précis. Cela devient beau et harmonieux, mais ce n’est pas ce qu’il veut. « Non ! Le beau est chiant et inintéressant ». Il faut aller plus loin et plus profond. François Staub saisit alors ces outils qu’il connaît bien : grattoirs, chalumeau, meule. Il brûle, griffe et décape pour faire réapparaître des traces des couches inférieures. Sur fonds martyrisés, il pose alors la lumière. Et là comme par magie, le volume apparaît et on atteint la dimension supérieure. Nous ne sommes plus simplement sur une plaque, mais dans un fondu. Une sorte de no man’s land. On a quitté l’intellect pour se plonger dans cette dimension de l’émotion. Celle qui permet de retrouver la mémoire cellulaire; ce vécu inscrit au plus profond de chacun de nous. C’est ce qui est important pour François Staub : retrouver les émotions pour être en contact avec l’être humain.
À travers une peinture expressionniste abstraite, François Staub nous amène dans ses paysages imaginaires et introspectifs. Des univers qu’il crée le soir après ses journées de travail qu’il consacre à la bonne marche de son entreprise d’ébénisterie. Créateur aux multiples talents, il s’est mis à son compte à l’âge de 22 ans et devient un incontournable du métier. Les plus grands noms de Suisse et d’ailleurs lui demandent de créer des pièces uniques afin de meubler leurs bureaux, salons et boutiques de luxe. Ainsi, de prestigieux horlogers, Nestlé et Nagra Vision font partie de ses clients, mais pas seulement. Des particuliers font aussi appel à son savoir pour lui demander de créer des pièces hors du commun. Ainsi, il y a quelques années, un toboggan en bois massif d’une dizaine de mètres de haut a vu le jour dans son atelier. Actuellement, une pièce unique alliant savoir-faire ancestral et technique contemporaine est en cours de réalisation et devrait être présentée en 2008.
Ce n’est qu’en 2004, dans un atelier installé lors de la construction de sa nouvelle maison à Sévery, qu’il se remet sérieusement à la peinture, cette technique qui l’attire depuis toujours. Après quelques expositions avec d’autres artistes, il s’affiche enfin seul au début 2007 au centre de Nestlé à Vers-chez–les-Blancs où il expose ses travaux des années 2004 à 2006. Ces toiles ont déjà bien évolué et son cru 2007 est maintenant presque terminé. C’est avec grande joie que la galerie ABPi accueille cet artiste, mais avant tout l’ami, pour son exposition.
G.R.
Le vendredi 16 novembre a eu lieu le vernissage de l’exposition du peintre François Staub. A cette occasion, un concert en quatre actes a été donné par trois musiciens : Sara Oswald au violoncelle, François Allaz à la guitare et Jean Rochat aux percussions.
Malgré une soirée froide et sombre, pas moins de 280 invités se sont tout de même déplacés à la Galerie ABPI. Cette dernière était pleine à craquer et les dernières personnes ont dû se faufiler pour trouver une petite place avant que la soirée commence. Comme d’habitude, Joe Boehler entre en scène pour annoncer le programme. Il est content d’accueillir un de ses anciens élèves, François Staub. Ébéniste et peintre, c’est avant tout un artiste qui nous emmène dans des paysages imaginaires à travers ses toiles jusqu’au 9 décembre à la galerie. Joe Boehler aime dire que « François expose une lumière de l’intérieur. Ce sont des blessures de vie qui se rident avec le temps » .
La soirée s’enchaîne sur le concert composé par François Allaz qui s’est inspiré des peintures pour en faire une œuvre musicale en quatre scènes qui nous transporte dans des décors de films très différents. Le premier est lent comme une plainte soutenue par le violoncelle et la guitare. C’est quelque chose de très mélancolique, mais en même temps de très rythmé par les percussions. Jean Rochat, tout sourire, ne ralentit pas et fouette ses objets sonores sans relâche, mais avec une extrême douceur, à peine perceptible. Le deuxième tableau, beaucoup plus jazzy, nous transporte dans un quartier noir américain des années cinquante. On enchaîne sur la troisième scène qui retombe un peu. C’est plus lent. On reconnaît des sons presque biologiques, comme des battements de cœur qui petit à petit se transforment en conversation entre la guitare et le violoncelle qui donne des sons graves. Finalement, le dernier morceau est un peu dépareillé. Le rythme est soutenu. Cela monte, monte, monte. Sara Oswald et François Allaz se regardent complices. On se demande ce qu’il va arriver, mais tout s’arrête d’un coup. Le concert est terminé.
La soirée se poursuit dans son traditionnel cocktail dînatoire. Des plateaux multicolores, des petits verres remplis de coulis et de jus aux saveurs les plus surprenantes offrent un spectacle très appétissant. La nuit se prolonge dans une ambiance bon enfant. Une petite déception peut-être pour ceux qui voulaient admirer les peintures. Il faudra revenir pour pouvoir les apprécier pleinement au calme.
G.R.
Vernissage
A eu lieu en musique le 16 novembre
Musiciens
François Allaz a composé cette musique d’après les oeuvres de François Staub. Elle a été jouée en direct le jour du vernissage, le 16 novembre.
- François Allaz, guitariste
- Sara Oswald, violoncelle
- Jean Rochat, percussions
- Bernie Amaudruz, son