VE 23.03.2007 – DI 25.03.2007
15 ans déjà que notre groupe compose.
Pour ce cinquième album, nous avons invité notre public
à l’enregistrement.
Que de valses. Détournées et étranges.
Cymbales, tambours, cordes basses et aiguës, acoustiques,
électriques, claviers touches ou verticales de boutons, les chics
types compositeurs, arrangeurs m’invitent à la danse.
Alors, comme d’autres chantent le blues, je valse le mien.
Valse sombre et lucide se noyant dans la peinture de Bacon
Valse amoureuse se cueillant au jardin
Valse attendrie par une amie pitre
Valse pour appeler ses frères à la résistance
Valse au petit matin des brumes
Valse derrière les murs des camps
Valse d’un bandonéon seul
Valse libre et chantant le poète
Valse d’une guitare seule
Valse admirant Mandela
valse d’un soleil qui se couche
valse musette parce que l’on est vivant!
Danièle Fleury
Francis Bacon
Lorsque je visite une exposition, c’est pour regarder les œuvres qui y sont présentées, ça va de soi, mais c’est aussi, accessoirement, et par déformation professionnelle sans doute, pour écouter les propos des visiteurs. C’est une des rares indiscrétions que je m’autorise, croyez-le bien, et ça n’est surtout pas dans un esprit goguenard, bien au contraire. On vous a sûrement déjà posé cette devinette : «Qui donc, dans sa longue, très longue vie, a entendu le plus de bêtises ?» – réponse: «c’est un tableau de musée, bien sûr !» – eh bien, je trouve cette boutade stupide et arrogante. Tant mieux si les visiteurs d’exposition expriment leurs réactions, même s’ils le font parfois maladroitement, c’est une maladresse qu’il faut savoir interpréter. Notre culture est essentiellement verbale, pas du tout visuelle, nous avons de la peine à traduire le visuel dans le verbal, nous avons de la peine à formuler ce que nous apporte une œuvre d’art – raison de plus pour persévérer.
Ce qui me suggère cette apologie du commentaire artistique, c’est une chanson, une belle chanson inspirée, dont Danièle Fleury, qui l’interprète, a écrit les paroles, et le guitariste François Allaz a composé la musique, une chanson qui célèbre la peinture de Francis Bacon. Elle s’intitule «L’homme aux yeux mi-clos». Danièle Fleury m’a dit en avoir eu l’idée après avoir lu le livre du philosophe Gilles Deleuze sur Francis Bacon, un livre qui l’a émue et qui l’a aidée à apprivoiser la peinture redoutable de Francis Bacon. Voir, c’est toujours voir plus qu’on ne voit, dit le philosophe, il y a des mots dans la peinture, il y a une couleur des mots, et de la musique avant toute chose, bref, il y a une interférence des langages très sensible dans cette chanson jazzy, enregistrée en public à Dizy (le village vaudois si bien nommé en l’occurrence), une chanson tirée du CD intitulé Détours de valses de Danièle Fleury et les chics types, et que je vous invite à écouter.
Chronique de Michel Thévoz, RSR, Espace 2, «Matinales», 01.05.2007, 07:45
Danièle Fleury et les Chics types
En concert – nouvel album
Danièle Fleury vocal
François Allaz Guitare
Daniel Perrin bandonéon, piano Würlitzeraccordéon, orgue Hammond
Cesare di Vita basse
Marcel Papaux batterie