Daniela Du

L'artiste peint dans son atelier
Biographie

Native des Charentes (France), Daniela Du a fait ses études en France et en Suisse.

À l’orée des années 70, elle arpente des univers dans lesquels elle pressent des torrents d’énergies inconnues et la présence constante d’une foule d’entités extraordinaires. Mondes inconnus, territoires vierges, continents inexplorés, éveillent en elle une infinie curiosité, afin de donner une dimension spatiale à tout ce qu’elle enregistre, elle peint.

Elle s’exprime à chaque fois que cette existence partagée lui en laisse le loisir. Destin indescriptible et éblouissant, elle a lié son sort à celui d’un homme hors du commun et terriblement exigeant. Elle aurait pu s’effacer, devenir transparente, disparaître, heureusement, elle peint.

L’art de Daniela Du est atypique, apparemment désordonné. Il organise et structure pourtant un ensemble d’émotions et de sensations multiples. Avec son travail, l’observateur (tout comme elle-même d’ailleurs !) se retrouve aux frontières d’une violence barbare et chatoyante, d’une chaude brutalité intérieure. Ce sont les marques vitales, puissantes, que l’artiste a longtemps retenues prisonnières aux tréfonds de son esprit, de son corps. Ce sont les glyphes longtemps cachés d’une cosmogonie plus que particulière et personnelle. Elle aurait pu danser, tisser, sculpter des montagnes ou reconstruire d’immenses maisons, cependant elle peint.

Il en a fallu de l’enfermement pour aborder, puis laisser mûrir des univers comme le sien. Il en a fallu des torrents de souffrance, de douleur, pour devenir ce qu’elle est devenue, ce qu’elle devient et deviendra. Que le désespoir est beau, quand il se mêle (ou s’accompagne) d’un désir de vivre aussi débordant. Elle aurait pu en mourir, mais elle peint. 

Comme jailli de territoires sauvages trop longtemps occultés, enfermés, ignorés, l’art de Daniela Du est surprenant. Il inquiète, questionne, entraîne l’esprit de celle ou de celui qui l’observe. Obsession ou déclinaison à l’infini, il imprime à nos rétines les couleurs de la fête et de la vie. Passionnel et pudique, il déborde les frontières de nos réalités les plus présentes. Incantations picturales, il apparaît primitif. Envoûtant à la manière des rituels sorciers, c’est un art premier. Elle voulait dire et vivre à tout prix, alors elle peint.

Ouvertures tournées vers nous comme des miroirs couverts de signes dont le sens n’est connu que d’elle-même, ces figurations appellent, crient, hurlent. Tourments et amours mêlés, Daniela Du nous fait des signes. Nous devons l’écouter. Mieux, l’entendre! Il en va de sa survie… et de la notre. Elle aurait pu être anéantie par sa propre existence, mais elle peint.

Rolf Kesselring

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