Bérengère Leydier

Photographe - peintre

Après des études universitaires en management des entreprises et en Droit, j’intègre en 2000 l’Institut d’Etudes techniques et historiques des objets d’Art à Lyon. Durant ce cursus je me spécialise en joaillerie ancienne en travaillant pour la prestigieuse Maison Templier. Dans la foulée je passe mon diplôme de Gemmologue à l’Institut National de Gemmologie de Paris en vue de racheter un cabinet d’expertises de bijoux à Montpellier. La conclusion de cette affaire n’aura pas lieu mais étant à présent installée dans le Sud de la France je profite de cette période d’inactivité professionnelle forcée pour me tourner vers l’apprentissage d’un métier artisanal. Je m’inscris à  l’Ecole Supérieure d’Ebénisterie d’Avignon et obtiens mon titre de sculpteur et doreur sur bois en 2007. Le manque de la dimension manuelle dans mon cursus fut comblé, la main rejoignait l’esprit, enfin.

Ce parcours, à la fois intellectuel et pratique, forme peu à peu mon goût et aiguise mon regard : analyse des objets anciens par l’observation de leur forme, de leur matériaux et de leur qualité de fabrication. Je cherche le détail, ou comme dans les gemmes, l’inclusion qui en garantira leur authenticité. Dans ce niveau d’exigence qui devient le mien, la sculpture est le prolongement naturel de ce que je savais décrire en sachant à présent le faire. A travers le dessin, le modelage, et la taille, c’est toute l’ornementation classique qui se place à portée de réalisation : mise en place de la composition, tracés fluides et harmonieux, tout doit concourir dans des lignes parfaites à la beauté du résultat final.

Les points de rencontre de ces apprentissages seront les matières, le design et les couleurs, qu’ils soient mis en exergue dans une démarche d’expertise, ou imaginés et  façonnés dans mon métier de sculpteur et doreur sur bois. Ils deviennent des repères en même temps que des critères de vérité et de beauté m’interpellant sans cesse.

La photographie m’accompagne tout au long de ce parcours pour archiver ces détails. Je constitue ainsi une bibliothèque d’images, mélange de carnet de tendances et de cabinet de curiosités virtuel. C’est tout naturellement que je dirige mon travail photographique vers une création plastique en répertoriant de plus humbles traces, des matières en décomposition, insignifiantes de prime abord, mais dans lesquelles je distingue un potentiel esthétique : ces résidus, couches de peinture écaillées, scotchs à demi arrachés, affiches déchirées, portent en eux une ligne et une composition révélées peu à peu par leur dégradation. La prise de vue en macro s’impose d’elle-même, seul moyen de rentrer dans la matière, d’isoler le détail graphique qui retient mon attention.

La découverte de ces traces, si elles étaient au départ le fruit du hasard au cours de mes déplacements, font l’objet aujourd’hui de véritables pérégrinations citadines devenant nécessaires à mon équilibre, à ma relation aux autres, au monde. C’est une sorte de prise de conscience selon laquelle toute intervention humaine, aussi infime soit elle, a une incidence sur notre environnement quotidien. C’est une façon de mettre le doigt sur nos vies, simples vies de passage, mais vies marquant le monde avec des matériaux bien plus tenaces que nous. Ce sont mes vanités contemporaines. Je cadre sur ce que la plupart voudrait effacer et nettoyer.

Je repère l’irrémédiable travail du temps et de la force des éléments qui écaille, déchire, craquèle, use, poli, efface, et ainsi dessine, modèle, façonne, transforme, fait muter la matière et laisse apparaître de nouvelles formes.

Bérengère Leydier

Expositions

-Du 3 au 31 juillet 2010,   Arles, Le Pain d’Amour, rue des Arènes.
-Du 17 décembre 2010 au 30 décembre 2011, Gordes, l’Estaminet, Place du Château.
-Du 4 mai au 30 août 2011, Saint Rémy de Provence, Brasserie du commerce, Place de la République.
-Du 21 septembre 2011 au 15 mai 2012, Noves, la Palette d’art, route de Chateaurenard.
-Du 6 au 30 décembre 2011, Avignon, le Cloître Saint Louis, rue du Portail Boquier.
-Du 14 avril au 6 mai 2012, Nogent sur Seine, Pavillon IV, ancienne route de Villenauxe.
-Du 16 juin au 30 septembre 2012, Saint Rémy de Provence, La Courte Echelle, route d’Avignon.

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